Un jour, sans doute, qu’il voulait voler dans les plumes d’un.e critique qui avait médit d’un disque de ses Mothers of Invention, Frank Zappa a lâché une formule resté célèbre : « écrire sur la musique, c’est aussi stupide que de danser sur l’architecture ». Et vlan, dans les gencives !
Mais pour apporter un démenti à cette remarque péremptoire, une palanquée d’opposant.e.s sortent du bois, décidé.e.s à croiser les disciplines artistiques dans leurs propres oeuvres. Le danseur et chorégraphe Emmanuel Eggermont en fait partie. Accompagnée de la bien nommée compagnie L’Anthracite, il est allé chercher chez Pierre Soulages, le maître quasi-centenaire de l’outrenoir, une part non-négligeable de l’esthétique et de l’inspiration de sa dernière création : Πόλις (Pólis).
Sur la scène de la Manufacture, cinq danseur.se.s peuplent une cité chorégraphique plongée dans des ténèbres aux reflets brillants ; une ville hyperbolisée où ils vont mettre à jour les différentes strates. Car si les situs ont conceptualisé la psychogéographie, Πόλις (Pólis) la récupère et y ajoute une dimension supplémentaire, celle de l’histoire, d’autres espaces-temps.
La démarche est, dès lors, des plus audacieuses : suggérer, par la danse, une démarche archéologique qui exhume une anthologie des constructions socioculturelles. Des phalanstères fouriéristes aux cités ouvrières, en passant par les villes-États grecques, Platon et le Modulor du Corbusier, la tâche n’est pas mince.
Une fouille magnétique, hermétique et lancinante, à laquelle Nova Bordeaux vous invite avec le mot de passe Nova Aime des plus chatoyants (ou pas), à dénicher par ici.