Si la science-fiction reste le premier terrain de jeu de la revue, le rock n’a jamais été loin de ses préoccupations.
À ses débuts, Métal Hurlant est une revue de science-fiction pure où ses auteurs imaginent des voyages cosmiques et des contrées lointaines. Mais quand ils travaillent sur leur table à dessin, c’est toujours avec une bande-son folk, pop, voire franchement rock. D’ailleurs, en 1975, l’année de naissance des Humanoïdes Associés, deux de ses fondateurs, Druillet et Moebius signent des pochettes pour des vinyles d’Hendrix !
En 1977, l’arrivée à la rédaction en chef de Philippe Manœuvre, venu de la revue Rock & Folk, amorce un virage vers le punk, une autre branche de la contreculture. Avec Manoeuvre au scénario, Serge Clerc joue de la mythologie du rock en adaptant des chansons des Rolling Stones, des Doors ou du Velvet Underground. Plus tard, le duo signera une biographie farceuse de Debbie Harry (Blondie) en dix pages.
En 1979, dans le premier hors-série consacré au rock, Frank Margerin crée ses personnages fétiches, Lucien, Ricky et les autres banlieusards rockers amateurs. Ce numéro est un tel succès qu’un autre spécial rock est programmé la même année, révélant de nouvelles signatures bientôt cultes comme Tramber et Jano avec Kebra, leur loubard de rat rêvant d’être une rock star. Deux figures du punk français, Elli Medeiros (Stinky Toys) et Kent (Starshooter) se mettent avec un certain talent à la BD. Symbolisant ce mariage entre BD et musique électrique, un 45 tours souple avec une chanson de Kent – « Hic dans les comics » – est glissé dans le Métal Hurlant spécial rock de 1983.
Au même moment, Dionnet & Manœuvre transforment une fois par mois la chaine de télévision Antenne 2 en club avec Sex Machine où ils reçoivent Madonna ou Prince. À force de raconter les mésaventures drolatiques d’un groupe fictif, les « Closh », avec le dessinateur Ben Radis, Dodo se retrouve à prendre le micro au sein du Dennis’ Twist. Lancé pour égayer les festivals de BD avec Vuillemin, Margerin ou Denis Sire, le groupe finit par entrer dans les meilleures ventes françaises avec son single « Tu dis que tu l’M… »
Depuis sa relance, Métal Hurlant n’a pas oublié son ADN rock, ce que le hors-série consacré au Hellfest et au métal prouve haut la main… avec signe des cornes.