Dix ans après, ça fait toujours le même effet. Un effet monstre. Apparu en 2007 sur les écrans d’outre-Quiévrain, Ex-Drummer, de Koen Mortier, ne brosse rien dans le sens du poil ; au contraire, jusqu’au-boutiste, il s’efforce constamment d’hérisser, d’arracher la pelisse des convenances, des amabilités et des sentiments louables dans laquelle chacun.e se pelotonne.
Punk dans ce qu’il a de plus crasseux, de plus nihiliste, choquant et mongoloïde (pour reprendre le morceau de Devo qui rythme la bande-annonce), c’est un ovni trash qui tire au mortier (forcément…) et glaviote à tout-va. Violence crue, drogue, infanticide, viol, homophobie, racisme, dégénérescence physique et mentale : tout y passe. Un vrai catalogue du sordide à la flamande, tout sauf rose.
Bon, on va quand même vous causer un peu de l’histoire, ou du pitch pour reprendre les termes d’un ancien pubard branché devenu tenancier du café du commerce chez Bolloré. Ex-Drummer, c’est trois losers pas vraiment avantagés niveau neurones, qui décident d’engager comme batteur de leur groupe punk Dries, un écrivain cynique en panne d’inspiration. Au fil des mois et des répétitions, le cynique nouveau venu se met à manipuler ses trois compères d’infortune, propageant un chaos haineux dans leurs vies, histoire d’y trouver matière à son prochain bouquin. Et quelque chose nous dit qu’il n’a aucunement l’intention de causer des petits oiseaux et des fleurs des champs.
Avec son propos sur la création vue comme un impitoyable processus d’accaparement et de dépossession de l’autre, sa mise en scène baroque, son ton à vif et sans fard, Ex-Drummer a tout du brûlot dérangeant. C’est un film sale et frontal, hardcore, qui ne dorlote personne et marque les spectateur.rice.s au fer rouge(-jaune-noir). Un ticket choc, assurément.
Lune Noire : Ex-Drummer, le dimanche 7 octobre au Cinéma Utopia, à 20h30