Madame de Dumeval, le Duc de Tesis et le Duc de Wand, libertins expulsés de la cour puritaine de Louis XVI, recherchent l’appui du légendaire Duc de Walchen, séducteur et libre penseur allemand, esseulé dans un pays où règnent hypocrisie et fausse vertu. Leur mission : exporter en Allemagne le libertinage, philosophie des Lumières fondée sur le rejet de la morale et de l’autorité, mais aussi, et surtout, retrouver un lieu sûr où poursuivre leurs jeux dévoyés. Les novices du couvent voisin se laisseront-elles entraîner dans cette nuit folle où la recherche du plaisir n’obéit plus à d’autres lois que celles que dictent les désirs inassouvis ?
Le libertinage du XVIIIe siècle vu par un cinéaste dandy espagnol ? Un feu d’artifice visuel et d’arty-fesses célébrant d’un plan cul tout en panache,les dernières lueurs du siècle des Lumières.
Ah, il s’en passait de belles en 1774 ! Quelques années avant que les sans-culottes ne chantent « Ah ça ira, ça ira, les aristocrates à la Lanterne », ceux -ci allaient au bois pour s’encanailler. Albert Serra filme dans Liberté une nuit de libertinage en pleine nature. Elle est loin d’être morte : Le décor est quasi-unique mais amplement visité par une foule de personnages rapidement dégrafés pour s’adonner aux plaisirs de la chair. Rapidement, il n’y a plus de noblesse ou de valets, le seul marquis qui reste habillé ici c’est celui de Sade. Plus rien n’est impénétrable dans Liberté, les corps bien sur, mais aussi une philosophie puisque le temps de quelques heures avant l’aube, les hiérarchies et les sexualités fusionneront. Décadent ? Pas tant que ça si une fois la stupéfaction des corps mélangés, qu’ils soient masculin, féminin, vieux ou jeunes, Liberté apparaît bien comme une parenthèse désenchantée. De même qu’il faut plisser les yeux pour voir dans les recoins de l’écran les choses les plus stupéfiantes, les râles orgasmiques peuvent se confondre avec ceux d’une agonie de classes sociales n’en pouvant plus d’être séparées, délimitées. Plus le jour approche, plus les sublimes tableaux que sont les images de Serra craignent des lendemains blafards, sous le règne de l’interdit.
Liberté s’autorise beaucoup de choses, de la provocation à l’exhibition, comme de placer certaines raideurs (qui fera sans doute le supplice des spectateurs impatients ou effarouchés) ailleurs que dans des verges. Normal pour un film sexué mais qui sait que le futur sera une époque qui ne fait plus bander à force de conservatisme ou de frustrations. Si Serra prend le temps avec son film, c’est aussi – surtout?- pour que l’on profite d’une jouissance des sens, comme des mots, qui s’est estompée dans la pudeur du politiquement correct. Cela valait bien une œuvre coup de fouet.
A.M
En salles le 4 septembre
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LIBERTÉ de Albert Serra | En salles le 04/09
Visuel © sddistriubtion https://www.sddistribution.fr/film/liberte/153