L’image du flic corrompu dans le cinéma et les séries évolue avec la société, et pose question : ripoux, attachants ou condamnables ?
Ripoux. Ce mot est en verlan, et pourtant, c’est un mot utilisé par nos parents et grands-parents. “Pourri”, donc, c’est le qualificatif pour les flics corrompus. À Marseille, un service de police prestigieux anti-drogue se retrouve éclaboussé par un gigantesque scandale. Deux commissaires de la cellule anti-drogue de la ville ont été interpellés, car près de 400 kg ont disparu. C’est ce qu’on appelle une affaire de flics ripoux.
Ces affaires sont très prisées dans les rédactions. Déjà parce qu’elles font état d’un dysfonctionnement majeur de l’institution policière, mais aussi car elles nourrissent un imaginaire largement alimenté par le cinéma et les séries.
Le film référence, porte bien son nom : Les Ripoux, réalisé par Claude Zidi et sorti en 1984. En majesté de flic corrompu, le splendide Philippe Noiret.
Le policier ripoux est un fonctionnaire minable, qui passe son temps à racketter des commerçants et à jouer au tiercé. Mais là, il est presque gentil et drôle. Il faut attendre le film d’Olivier Marchal, 36 Quai des Orfèvres, pour voir des ripoux méchants et sans scrupule. Des flics au bord de la dépression, en pleine de pouvoir et rattrapé par le milieu.
Ce film plus noir s’est inspiré d’une vraie affaire et termine en tragédie.
Le plus récent, également inspiré d’une d’un cas réel, c’est Bac Nord, de Cédric Jimenez.
Un extrait d’une scène mythique, où Gilles Lellouche, accusé d’être un ripoux et d’avoir détourné de la drogue, est en garde à vue.
Ce film d’action, il a marché en salle, mais, il a un parti pris, qui peut être problématique : il présente les policiers mis en cause à Marseille comme victime d’un système et “contraint” de détourner de la cocaïne pour payer leurs informateurs. Si vous ne voyez pas le problème, ce film avait notamment été salué par Marine Le Pen.
Côté série, il y a en une qui est considérée comme pionnière du genre. The Shield, une série américain diffusée en 2002.
Le policier corrompu par excellence : Vic Mackey, inspecteur à Los Angeles : il frappe et rackette les dealers. Mais comme c’est un bon américain, c’est un bon père de famille.
Chaque fiction choisit de montrer des policiers minables ou attachants, violents et sanguinaires ou à la psychologie plus complexe. Ça marche peut-être à l’écran, mais au tribunal, c’est un peu différent.