Arte Povera : les italiens mettaient le monde à l’amende
A quoi bon s’intéresser à l’Art , si on ne comprend pas les raisons de chaque mouvement ou école ? Il faudrait suivre même les bizarreries les plus inattendues des avant gardes.
En 1967, des artiste exposent à Turin et à Gênes des oeuvres étranges, en rupture avec la culture et le Pop Art , déjà industrialisé.
Justement en Italie, pays du Design, de l’electro – ménager , des voitures de sport ou miniatures, du plastique et du formica. Mais aussi pays d’artisans de luxe : verre, faïence, marqueterie, soie , mosaïque, marbre et dorures… Les artistes font une crise .
Ils exposent des branchages, des chiffons, des cailloux, des haillons, des ferrailles, des branches, de la terre ! En pleine contestation, ils veulent réagir contre l’esthétique industrielle générale : lisse et luxe moderne.
En exposant des objets ramassés, des tas informes, les artistes engagent un combat de formes et d’apparences, mais aussi d’appropriation ( notamment par le marché de l’art américain).
Face au consumérisme yankee, ils opposent un matérialisme brut, banal, ou des objets pauvres, quotidiens, insignifiants, vont retrouver la spiritualité de la nature, mais aussi une ascèse et un régime nécessaire en pleine explosion de la consommation !
Ces artistes en révolte, intellectuels et politisés s’appellent : Anselmo Boetti, Kounellis, Merz, Paolini, Penone, Pistoletto… Présentés par le critique Germano Celant, ils vont s’imposer pour longtemps, chacun dans sa voie …Partant du geste artistique, mais refusant l’objet ?
Car ces œuvres sont informes, intransportables, inexposables ?
L’artiste ou un assistant doit venir à chaque fois pour agencer les débris posés à même le sol … Ils ont quand même réussi à ruiner pas mal de galeries et à décourager bon nombre de collectionneurs.
Ces artistes-guerilleros ont au moins réussi leur guerre de position.
Ce mouvement a aussi ouvert la boite de Pandore : tous les sous doués, les paresseux, les suiveurs nous abreuvent encore aujourd’hui ( ! ) de toutes sortes de récup, de tas informes et autres fonds de poubelles qui n’ont rien de provocant, ni de vivifiant.
Par contre ces « anti-œuvres » se prêtent à d’interminables discours sur la société, la politique, l’énergie, la religion, c’est dire à quel point l’intellect humain est envahissant comme le lierre et les crânes d’artistes durs comme des pierres … ( pour rester dans le style ! )
Mais la question reste posée : l’Art des humains est il vraiment indépendant des formes et des objets « travaillés » ? La nature est elle l’ »Art de Dieu » ou de forces supérieures et invisibles ?
Pas mal de « poveristes » ont quand même fini par rajouter miroirs ou néons sur les cailloux, histoire de faire briller un peu la théorie .
UN ART PAUVRE. Centre Pompidou . Du 8 Juin au 29 aout 2016 .