Klein nicht Klein ? Découvrez les oeuvres du photographe-cinéaste en DVD.
William Klein fut un reporter atypique, connu dans les années soixante. Après s’être essayé à l’Art, ce New yorkais a mélangé films, puis photos pour suivre les frémissements d’une société dans tous ses états. Pour la télé française, il a commencé à faire des incursions dans la vie des gens et ça a donné « Qui êtes vous Polly Magoo ? » en 1966 : un reportage ironique sur une mannequin américaine à paris, en plein dans l’époque Courrèges – Cardin – Paco Rabanne.
La parodie de défilé avec robes en métal et rédactrices snobs se pâmant sur de l’importable , puis la caricature de DIANA VREELAND et sa suite ( l’impératrice de Harper’s Bazaar, puis Vogue) lui couperont l’accès aux studios de photos mode. Avec DIM DAM DOM, Peter Knapp de son côté, réussira une télé-mode, faite de sujets-clips, avec une poignée de réalisateurs.
1969 : « Mr Freedom » grosse farce sur l’Amérique, la CIA, les espions, la consommation, la guerre froide… sera interdit un an, à cause d’images de MAI 68, filmées dans la rue, alors que Klein s’y moque autant des américains que des chinois ou des russes ! Son grand reportage sur CASSIUS CLAY, icône du sport, puis MUHAMMAD ALI THE GREATEST, avec le championnat du monde en Afrique sera son chef d’œuvre, grâce à l’aura du champion.
Le travail de Klein souffre avec le temps de son obsession à vouloir être branché, mode, politisé, habile, ironique, mais courant après tous les MUST de l’époque : les mannequins, les gauchistes, les artistes, les intellectuels, la bande dessinée, la pub, les sondages, la consommation.
Traitant tout avec un humour potache, mais influencé par le POP Art, la Mode, la Télé, la Bande Dessinée.. il est coincé par ses contradictions entre le chic, le flashant , le populaire et rate la profondeur des vrais cinéastes Godard, Rohmer, Rivette, Rozier … La Nouvelle Vague ! Il se rapprocherait plus d’un Richard LESTER, tournant les Beatles dans Hard day’s night, puis Help ! et surtout « THE KNACK », sorti en 1965.
Mais chez Lester on croise Jackie Bisset, Charlotte Rampling, Jane Birkin( toutes inconnues) et les Beatles, quand chez Klein on se retrouve avec Noiret, Rochefort, Sami Frey ou Jean Claude Drouot ( Thierry la fronde !) Eddie Constantine ou Georges Descrière, tous un peu à contre emploi mais issus du CINEMA DE PAPA ! ( expression de l’époque)…
Klein est perpétuellement entre deux mondes : il vient d’AVANT la révolution des mœurs, de l’esthétique, de l’underground. Les castings de ses reportages – films le montrent. Le vieux système ORTF marque son travail d’une touche « télé cheap » et vieux jeu.
D’ailleurs il va tourner LITTLE RICHARD, parfait héros Rock des années 50, et celui ci disparaitra du tournage, sujet à une crise de PARANOIA, obligeant Klein à faire de nouveau une parodie avec des sosies. Mai 68, le Vietnam, la révolution sexuelle, le POP art, sont des BLOCS impossibles en reportage. Le « fossé des générations » est creusé !
Klein va tourner le festival panafricain d’Alger (1969) ou il fera aussi des séquences avec Elridge Cleaver, le leader Black Panther, refugié là.Emouvant de voir l’espoir des africains après LES indépendances, croyant à une nouvelle société juste et libre (puis ce sera les dictateurs) ou de suivre un Cleaver désœuvré, isolé comme un mauvais garçon…
Le grand écart entre la mode ou les mœurs, et la contestation politique, filmés en farce superficielle et désordonnée par Klein, ne va pas réussir. Les THEMES stupides, chers aux médias sixties : la jeunesse, la contraception, les villes nouvelles, la consommation, la B.D. , les sondages, POP et OP Art, contestation et autres « marronniers » ont bel et bien fini dans les POUBELLES de l’histoire…
A vouloir être toujours « IN », on fini souvent »OUT ».
_Coffret DVD William KLEIN . ARTE . 12 films en DVD, dont
Polly Magoo, Mr Freedom, Muhammad Ali the Greatest, Mai 68 , FASHION In and Out, festival panafricain à Alger , Le couple témoin, Little Richard.. etc…
Prix public 100 Euros . ( à acheter en groupe ?)