Thème classique de la science-fiction depuis peu ou prou ses prémices, la question des rapports entre les conditions humaine et robotique a formé deux tribus opposées : les dystopiques et les utopiques. Si les premiers nommés ont leurs représentants de qualité (le cyberpunk, Blade Runner, Akira, les prophètes de la Singularité, etc.), les seconds ont également quelques beaux atouts dans la manche – et pas seulement grâce à la Vallée du Silicium.
Placé face à ce clivage, Jean-Benoît Dunckel a choisi : ce sera la vision lumineuse (naïve ?) de l’avenir homme-machine. D’où le titre de son premier album solo, sorti l’an dernier : H+, diminutif de « Human+ », symbole du transhumanisme. « Il existe une fascination pour les nouvelles technologies, constate-t-il, on se croirait revenu à la période de la conquête de l’espace. » Une fascination qu’il pondère toutefois : « Je n’ai découvert la série Black Mirror qu’après avoir fini l’album – et tant mieux, car ça aurait peut-être changé l’approche de l’album et mon optimisme pour le transhumanisme ! » Dunckel esquisserait-il les premiers pas vers un changement de camp ?
Musicalement, en tout cas, on est en terrain connu. Entouré de ses synthés MS20 et Arp 2600, Dunckel fait du Dunckel (soit pas mal de Air, un peu Tomorrow’s World), et il est quand même le mieux placé pour ça. La patte, la patine du Versaillais sont toujours aussi sûres et reconnaissables entre mille : flottantes, caressantes, orchestrées, rétro-futuristes ; un chouia trop lisse aux oreilles de certain.e.s, un concentré de beauté sensible pour les autres. Encore une scission, décidément.
Ceux et celles qui font partie de la seconde tribu peuvent en tout cas, sans plus attendre, enfiler leur plus beau costume immaculé, allumer les loupiotes du vaisseau et demander à leur pilote androïde de les poser au Florida. Des très beaux rêves les y attendent, et vous y attendent – pourquoi pas grâce au mot de passe Nova Aime.
Jean-Benoît Dunckel + Hustle, le samedi 16 mars à 21h00 @ Le Florida (Agen)

