Tomber en carafe au guidon de son deux-roues, c’est toujours embêtant. Ça l’est peut-être davantage encore sur les routes de Turakie, le royaume de la bricole imaginé par Michel Laubu et Emili Hufnagel, les deux têtes pensantes de la compagnie lyonnaise du Turak Théâtre.
Car la Turakie est un pays où l’on ne sait jamais sur quel pied danser, ni de quoi la prochaine minute sera faite. Une aubaine pour les spectateur.rice.s bien assis.es sur leurs sièges, vous me direz, et c’est tant mieux. Mais pour le protagoniste d’Incertain Monsieur Tokbar, alors là, c’est une autre paire de manches ! C’est que croiser sur son chemin des hommes-robinets bretteurs, une tondeuse hippocampe, des centurions romains avec tout leur barda SPQR, un crabe géant et des super-héros, ça a de quoi perturber jusqu’au plus serein des routards.
Entre théâtre d’objets et spectacle de marionnettes, cette heure plonge tête la première dans le capharnaüm folklorique, poétique et déroutant qui hante la mémoire du héros éponyme. Et, un peu à la manière du Big Fish de Burton, l’incertitude d’Incertain Monsieur Tokbar vient précisément de ce foisonnement incroyable : qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est totalement fabulé, consciemment ou non ? Où se situe la frontière ? A-t-on face à nous un vieil homme qui commence à tourner la carte, un conteur fantastiquement doué pour enjoliver la réalité, ou quelqu’un qui aurait un brin abusé sur les psilos – du genre, Hannibal Barca est venu à mon mariage à dos d’éléphant et Louis Armstrong habite au coin de la rue ?
Mais faisons fi, pour le moment, de toutes ces questions : venez plutôt voir et vous émerveiller de cet Incertain Monsieur Tokbar par vous-même puisque Nova Bordeaux vous offre vos billets pour la Turakie. Et en ce qui concerne le tamponnage du passeport, ça se fait, avec certitude, juste là.