Ces personnes s’incrustent dans vos photos souvenir.
Toutes les photographies courtesy of Galerie 22,48 m²
Aujourd’hui plus personne ne se déplace sans avoir un appareil photo dans la poche, téléphone intelligent oblige. Le paradoxe c’est qu’aujourd’hui ces objectifs sont tournés vers soi-même, dans une constante auto-promotion sur les réseaux sociaux, ou pour poster les même clichés de vantardises pour raconter sa propre existence…
Appliqué au tourisme, on constate les mêmes syndromes de multiplication des mêmes clichés, les gens reproduisant les mêmes parcours et multipliant les mêmes photos des lieux qu’ils visitent.
Alors que nous pouvons produire un milliard de fois plus de photos qu’auparavant, les images n’ont jamais été autant similaires, dans une uniformisation absolue des points de vues et des regards.
C’est de ce postulat que part Ghosts of your Souvenir, un projet qui « consiste en une collection de photographies touristiques, d’auteurs différents mais ayant toutes pour point commun » la présence de deux artistes, Emilie Brout et Maxime Marion, qui passent des heures à sillonner les lieux les plus touristiques de Paris et d’ailleurs, en rôdant près des touristes pour se faire photographier.
Par cet acte physique c’est le rapport à la photographie qui est questionné. Les artistes affirment ainsi « Le projet comporte ainsi une dimension performative – se rendre physiquement sur des lieux d’intérêt et y rester durant plusieurs heures dans le but d’être indirectement photographié – et une dimension d’enquête : à partir des informations de lieux et dates de notre présence, retrouver après coup parmi les images publiées en ligne celles où nous apparaissons. S’inscrivant dans une approche renouvelée et étendue de la photographie, nous opérons un déplacement dans l’acte de l’autoportrait.
Cette série ne découle pas d’enregistrements directs de notre personne – nous n’actionnons aucun déclencheur –, mais consiste à sélectionner, parmi la quantité astronomique de documents existants réalisés par des tiers, ceux où nous apparaissons : des autoportraits vernaculaires, réalisés à travers l’oeil et le geste d’un autre. Les auteurs eux-mêmes n’ont pas conscience de notre présence lors de la prise, celle-ci ne comptant alors pas plus qu’un quelconque élément de décor.
En appréhendant cette collection d’images, le spectateur n’y voit tout d’abord qu’une série de photographies de vacances comme il y en a tant, à l’esthétique commune et familière, représentant divers lieux célèbres de par le monde. Mais dans un second temps, il identifie notre présence récurrente ; bien qu’apparaissant au second plan, nos corps deviennent alors le sujet principal de ces photographies. Ils incarnent littéralement le lien entre ces traces disséminées dans les bases de données du monde entier, et nous poussent à porter un autre regard sur ces images a priori banales. »
En occupant un espace censé être personnel et attaché au souvenir, les deux artistes interrogent non pas seulement le rapport à la mémoire mais aussi à l’individualité et à l’existence numérique. Ils déplacent même la notion d’autoportrait, n’ayant plus besoin de se photographier eux-même pour avoir une existence sur des clichés, et même en ligne.
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Pour voir les oeuvres de Emilie Brout et Maxime Marion en ligne c’est par ici.
Une exposition que vous pouvez retrouver en ce moment même à la galerie 22,48 m², 30 rue des Envierges 75020 Paris
tél. +33 (0)981722637
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Ghosts of your souvenir, 2014 – en cours
Série d’autoportraits, collection de photographies trouvées en ligne. Courtesy Galerie 22,48 m², Paris
Plus d’infos sur : http://ghostsofyoursouvenir.net
Mais aussi au sein de l’exposition
Portrait de l’artiste en alter > 28 avril 2016 au 4 septembre 2016
Exposition collective > FRAC Haute-Normandie, Sotteville-lès-Rouen, FR