Avec tendresse et sans jugement, des portraits qui ouvrent l’esprit.
Des hobbies, on en a tous. Ou à peu près. Sauf que ceux-ci, sans qu’ils soient spécialement honteux, sont plus ou moins avouables. Lorsqu’ils ne le sont pas, c’est d’ailleurs de « lubies » dont on devrait plutôt parler. Question de normes sociales sans doute.
Les hobbies, c’est donc le propos, singulier, de la revue du même nom – Hobbies, à chacun le sien – qui fait paraître aujourd’hui son second numéro. Menée par le trio Louise de Montalembert (DA), Grégoire Belhoste (rédac chef), Lambert Stroh (dirlo de publication), elle a pour ambition d’être cette oreille qui se propose de donner la parole à ceux qui ont tant à dire. Et qui ont plus ou moins de mal à le faire, d’ailleurs. Question d’habitude, cette fois.
Dans l’édito du premier numéro (automne-hiver 2015), on nous relatait ainsi les interrogations de Carole, cette trentenaire passionnée par l’exploration minutieuse de friches industrielles et autres voies désaffectées, soudainement anxieuse à l’idée de savoir ce qu’il allait devenir de cette passion dont elle était en train de raconter les contours :« Attendez, votre magazine, ce n’est pas un truc à la Confessions Intimes ? » Rien à voir non. Ni même un prélude à une invitation future à un Dîner de cons, pourrait-on ajouter en pensant à la fable drôle et touchante de Veber et de Pignon.
Au contraire. Car la revue Hobbies, mook semestriel, loin du jugement qui rend conforme, est bienveillante. Et pour tout dire, assez touchante. Car ce n’est pas si fréquent, de voir les gens se confier et raconter sans retenue ce qui les permet de s’extraire du quotidien, qu’il soit rose ou morose. L’évasion par la passion.
Comme ces passionés de lévriers, qui organisent à Soissons (la ville du vase) des courses d’une intensité bien vivace. Comme ce fan de Christophe (celui des « Mots Bleus »), qui a d’abord connu la sensation d’être le ringard du lycée avant de devenir l’un des portes-étendards de ce qui est re-devenu branché. Comme Peio, cet amateur de pelote basque qui a fini par devenir champion du Monde d’un sport qu’il contribue aujourd’hui encore à faire perdurer (et même dans son cas, à faire évoluer). Comme les aficionados de Pagan Metal, aussi, ces fans à la fois adeptes de musique métal et de reconstitutions médiévales, et donc, de pogos en cotte de maille…Passions (très) alternatives donc, et passions plus connues, comme les créateurs du site Rap Genius, qui analysent avec une minutie d’orfèvre et un savoir-faire valorisé les paroles des protagonistes du rap français.
Si le deuxième numéro (printemps-été 2016) vient de sortir, il faut bien avouer que c’est plutôt le troisième numéro que l’on attend. Peut-être y trouvera-t-on ainsi, et ce même si cela paraît relativement improbable, un portrait de ceux qui, via ce projet parfaitement philanthrope, s’intéressent à ce qui intéresse les autres.
À choper dans toutes les librairies partenaires, et aussi par ici, par voix virtuelle.