Les esclaves modernes ne sont pas forcément ceux que l’on croit…
Tous les cinéastes vous le dirons, il existe plusieurs choses qui peuvent rendre un film des plus casse-gueule : filmer des enfants, tourner en pleine mer, et aborder des sujets dits à grande cause. Freedom cumule les trois, en suivant le périple d’un ado cambodgien vendu comme esclave au capitaine d’un bateau de pêche voguant au large de la Thaïlande.
Et pourtant le film de Rodd Rathjen ne tombe dans aucun des écueils prévisibles. Sans doute parce qu’il refuse toute fibre sentimentale (voire ose aller dans des zones de turbulences morales) ou parce qu’il contourne les bancs de sable où il aurait pu s’échouer en posant les enjeux différemment.
Placer au centre du film la relation entre Chakra (l’ado) et Rom Ran (le capitaine) comme une forme de transmission quasi-filiale quand le dernier commence à se reconnaître dans le premier, et le prendre sous son aile est éminemment audacieux dans l’époque du politiquement correct. Encore plus quand à travers ce rapport socialement transgressif, Freedom rédéfinit sans langue de bois la notion de hiérarchie sociale dans une Asie du Sud-Est secouée par le tsunami du libéralisme. L’échelle que doit grimper Chakra pour accéder à la cabine de pilotage, c’est celle d’un ascenseur social déréglé, qui régule jusqu’à la vie sur un chalutier. Il y aura bien une justice in fine, mais qu’elle passe par une redoutable vengeance confirme que Rathjen a bien les pieds sur Terre par cette observation cruellement lucide des nouvelles mœurs.
A.M
En salle mercredi 27 novembre
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