Vous avez bien lu.
La Traviata, c’est cet opéra en trois actes composé par l’Italien Giuseppe Verdi en 1853, du côté de Venise et d’après le roman d’Alexandre Dumas La Dame aux Camélias. Vous qui aimez sans doute l’opéra, vous appréciez certainement, de temps à autre, entendre cet air guilleret et grandiloquent qui s’est extrait depuis bien longtemps du répertoire des amoureux du XIXe siècle afin de rejoindre celui, plus vaste, de la culture populaire.
Vous l’appréciez, mais peut-être l’apprécierez-vous moins si vous aviez eu l’occasion de l’entendre, et de manière quasiment continue, au cours des seize dernières années…Supposition absurde, il est vrai, sauf que c’est ce qui est véritablement arrivé aux habitants de Sturovo, une petite commune de Slovaquie, au sein de laquelle une habitante, que l’on devine légèrement baroque et extravagante, a décidé de se venger des aboiements d’un chien voisin en faisant aboyer, à son tour, le son de sa sono, en diffusant toujours le même extrait du fameux opéra toute la journée durant. Et afin que la vengeance soit plus belle, c’est sur haut-parleur qu’elle le diffusait, ce morceau…
Comme le relève France Musique, qui est tombé sur l’anecdote franchement drôle (peut-être plus pour ceux qui la découvrent aujourd’hui que pour ceux qui l’ont subi pendant seize ans, ceci dit…), « Les aboiements ont cessé, mais elle n’a pas arrêté la musique pour autant ». Cette dame-là, qui laissait le son ouvert de 6 heures à 22 heures, se voir aujourd’hui menacée de six mois à trois ans de prison…
« En mai 2015, poursuit France Musique, le maire de Sturovo a pris un arrêté interdisant le tapage, même musical. Les haut-parleurs se sont tus pendant deux ans. Fausse joie. L’habitante préparait une injonction pour faire casser l’arrêté devant les tribunaux. Une fois sa démarche lancée, elle a rebranché les enceintes. La justice a donné raison au maire, mais cette femme s’est obstinée jusqu’à l’absurde, se pourvoyant en appel et faisant traîner procédure. Pendant ce temps, la voix de Placido Domingo résonnait toujours dans le quartier. L’affaire est arrivée devant la Cour suprême, qui a confirmé la décision du maire en mars dernier. La dame a fait la sourde oreille et a remis la Traviata à fond. Début août, la police a donc débarqué chez cette résidente pour procéder à son arrestation. Elle attend désormais son procès dans une cellule. La justice décidera de sa remise en liberté provisoire. Elle risque entre six mois et trois ans de prison. »