Vu que le nom de cette radio vient d’un bouquin de Burroughs (Nova Express, 1964), vous savez, je pense, ce qu’est le cut-up. On découpe, on morcèle, on déconstruit, on fait de la matière originale un puzzle géant, pour ensuite réarranger tout ça et créer quelque chose de nouveaux, qui emprunte d’autres circuits. Une technique qu’ont employé aussi bien la beat generation que l’attelage Fauque/Bashung, de même qu’Heidi Brouzeng, Isabelle Jelen et Guigou Chenevier, les cerveaux musicaux du collectif avignonais Inouï, à la source de ce Ciel de Traîne.
Découpant et remodelant les motifs des Noces de Stravinsky, Ciel de Traîne créé, à partir de presque rien (quelques instruments, des verres à pied, une chouille d’audace et de débrouille), une nouvelle partition qui fournit l’impalpable matière de quatre tableaux pop et polyphoniques.
Des tableaux mis en corps par Andrea Sitter, danseuse de ballet allemande (chassez ces images de Suspiria, celui d’Argento ou de Guadagnino, qui vous viennent en tête) qui incarnera à elle seule, aux côtés des musicien.ne.s, une galerie de personnages qui n’ont pas laissé le surréalisme sur le pas de leur porte.
Une folie ambiante qui contribue encore davantage à éloigner Ciel de Traîne du pensum obséquieux ou de l’hommage trop respectueux aux grands anciens – et c’est heureux. Aussi bien dans son volet musique que dans son versant dansé, Ciel de Traîne prône au contraire le dépoussiérage en règle, redonnant toute sa vivacité à la frénésie rythmique de l’oeuvre centenaire de Stravinsky.
Un spectacle protéiforme auquel Nova Bordeaux vous offre une poignée de tickets. N’étant pas à l’approche d’un mariage russe, on ne vous enverra pas de faire-part en cyrillique (pardon : на кириллице) pour ça ; on se contente simplement de vous indiquer ici – là, oui LÀ ! – quelle réponse pointer pour mettre toutes les chances de votre côté.
Ciel de Traîne, les mercredi 22 et jeudi 23 mai à 20h00 @ La Manufacture CDCN (Bordeaux).