Aupinard n’est pas le seul ni le premier à infuser sa musique de bossa nova. Retour sur l’influence de la bossa brésilienne dans le rap.
Sur Nova, on diffuse un artiste qui a explosé sur les zinternets (les zinternets voulant souvent dire « Tik Tok ») : il s’appelle Aupinard et, si vous ne le connaissez pas encore, il fait des trucs comme ça :
On soutient aussi Myra, cette artiste talentueuse d’origine grecque, venue dévoiler les morceaux de son EP Passion Câlins en avant-première dans notre Bal de Nova, à Bordeaux.
Mais quel est le point commun entre ces deux artistes ? Leur morceau commun « des bisous », oui. Mais plus largement, c’est leur style de rap teinté de bossa nova, ce genre originaire du Brésil et musique star des années 60, qui revient en force dans la nébuleuse musicale française. Si les deux genres n’ont a priori rien à voir, la bossa brésilienne rencontre un rap francophone très divers.
Quand on dit bossa, vous pensez certainement aux musiciens emblématiques brésiliens comme Antonio Carlos Jobim, auteur des cultissimes « Garota de Ipanema » ou « Águas de março », Astrud Giberto et João Gilberto … (Pour l’anecdote, le titre « Águas de março » a été repris et traduit dans un français poétique par Georges Moustaki, sous le titre « Les Eaux de Mars » en 1973.)
Pour le plaisir et parce qu’on sait que vous en mourrez d’envie, on réécoute ce classique inépuisable de la bossa.
Apparue au Brésil dans la deuxième moitié du 20ᵉ siècle, la bossa est issue du jazz des années 50 et de la samba brésilienne.
Dans la nébuleuse rap française, les crossovers sont de plus en plus nombreux ces dernières années. On a cité Aupinard et Myra, mais si l’on feuillette le catalogue Nova, Luidji aussi y est allé de sa petite infusion à la bossa. Si, écoutez bien le riff de guitare et le tempo sur son morceau « Le remède », ou les percussions sur « Bahia »…
Ça peut être tout doux avec Luidji, ou bien plus incisif, comme lorsque Bianca Costa, franco-brésilienne, mélange bossa et trap.
On retrouve même de la bossa chez Jul, le rappeur chanteur francophone à la production industrielle (par exemple sur le morceau Sensations, si vous voulez tout savoir).
Il est encore trop tôt pour dire si le rap et la bossa feront bon ménage longtemps. Une chose est sûre, la percée de la bossa dans le rap a commencé il y a bien des années avec du sampling dans les productions américaines. J. Cole, par exemple, sur « God’s Gift », a utilisé le morceau « Francisco » du brésilien Milton Nascimento.
Mais aussi avec Kanye West, Jay-Z, Kaytranada ou encore Madlib sur le « Rhinestone Cowboy » de Madvillain (album dont on a soufflé la 20ᵉ bougie il y a peu) :
C’est d’ailleurs au Brésil que Madlib s’est fait voler le prototype de son projet avec MF Doom, alors qu’il chinait des samples locaux. Le documentaire « Madlib Brasilintime », sorti en 2006, plonge dans ce voyage à São Paulo en 2002, entre les sessions digging de Madlib chez les disquaires de la ville et la confection de loops dans sa chambre d’hôtel.
Mais la bossa nova n’est pas le seul style musical brésilien à avoir influencé le rap français. On trouve des rythmes de baile funk dans les sons du rappeur Ninho, comme « Bénéfice » ou encore l’album Johnny De Janeiro, de Sadek, infusés de ce style de musique venu des favelas brésiliennes.
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