Sorti il y a 50 ans, « Honey » est une fusion audacieuse de grooves sensuels et de mélodies entraînantes. Un album classique d’Ohio Players, groupe incontournable de la funk américaine.
Avant de connaître la gloire avec un album comme Honey, sorti en août 1975, les Ohio Players ont une longue histoire et une rotation importante parmi leurs membres, ce qui influencera leur son. Le groupe voit le jour en 1959 aux Etats-Unis, à Dayton, dans l’Ohio. Leur premier pseudo : Ohio Untouchables.
Âge d’or
C’est en 1967 que le groupe se rebaptise Ohio Players, un nom qui reflète à la fois leur identité de musiciens et leur réputation de « Don Juan». En 1974, les Ohio Players rejoignent le label Mercury Records et accueillent de nouveaux membres clés : le claviériste Billy Beck et le batteur James « Diamond » Williams qui rejoignent le guitariste Leroy « Sugarfoot» Bonner. Ils sont les principaux artisans de l’écriture, de l’arrangement et de l’orchestration des morceaux des Ohio Players.
Cette période marque leur âge d’or, durant lequel ils enchaînent les succès, notamment avec les albums « Skin Tight » et « Fire« , tous deux disques de platine en 1974. Ils produiront trois albums consécutifs certifiés platine : « Honey » est le troisième de cette série, sorti le 16 août 1975. L’album se hisse à la deuxième place du classement pop américain et à la première place du classement R&B, consolidant sa réputation d’album le plus abouti du groupe.
Visuels… suggestifs
Ça passerait différemment en 2025. Les Ohio Players sont connus pour leurs pochettes mettant en scène des femmes… souvent dénudées. « Honey » ne fait pas exception : sur la pochette, une femme se délecte d’un miel pailleté alors qu’elle est elle-même entièrement recouverte du liquide doré qui donne son nom à l’album. Il s’agit d’Ester Cordet, une Playmate du magazine américain Playboy.
Fusion
Le style musical de « Honey » intègre des éléments de soul, de blues, de jazz et même de rock, mélangés à la funk des Ohio Players. Musicalement, l’album est d’une richesse monstre. Parmi les morceaux les plus emblématiques, « Love Rollercoaster» est un succès international retentissant. James « Diamond» Williams, le batteur, raconte que l’inspiration pour écrire ce tube est née lors d’un vol en bimoteur Navajo, où de fortes turbulences modifiaient la trajectoire de l’avion de plusieurs dizaines de mètres. Williams, qui s’essayait au co-pilotage, a alors pensé : « Ce voyage, c’est comme être sur des montagnes russes». Le riff de guitare déjanté de Sugarfoot va jusqu’à imiter ce mouvement.
Rumeurs
« Love Rollercoaster» est également célèbre pour une légende urbaine tenace qui poursuit le groupe depuis des décennies. La rumeur, propagée à l’époque par un DJ californien lors d’une émission radio, voudrait qu’un véritable meurtre ait été enregistré sur la bande. En effet, un cri aigu est perceptible à 1:24 de la version single et à 2:32 de la version album. La victime serait Ester Cordet, la mannequin de la pochette, qui aurait eu un accident fatal pendant le shooting… Les Ohio Players n’ont rien fait pour dissiper ces rumeurs, allant même jusqu’à ne jamais évoquer le sujet, car, comme l’a révélé James « Diamond » Williams, cela « faisait vendre plus de disques». La vérité, bien moins sinistre, est que le fameux cri n’est qu’une fantaisie vocale de Billy Beck, le claviériste du groupe.
Au-delà de la funk
« Honey » regorge d’autres pépites. « Sweet Sticky Thing» est un incontournable du genre quiet storm un titre qui incarne toute la soul fusion des Ohio Players, mêlant tempo lent et sonorités jazz avec une partie de batterie de James Williams d’une expression impeccable.
« Fopp« est également à retenir pour son groove énervé qui flirte avec le rock. Le titre sera repris par le groupe de rock alternatif Soundgarden en 1990.
Honey est donc bien plus qu’un simple album de funk des années 70, c’est l’exemple parfait de la créativité et de l’ingéniosité d’un groupe qui a su fusionner les genres et inspirer bien au-delà des limites de la funk music.

