Skepta, l’un des piliers de la scène rap britannique, pionniers de la grime, l’un des artistes les plus influents du Royaume-Uni d’aujourd’hui, s’attaque à une nouvelle discipline : la peinture.
Skepta est probablement l’un des artistes les plus révérées de l’autre côté de la manche. Après avoir œuvré au sein du crew Boy Better Know et contribué à la naissance et à l’essor du Grime, le britannique d’origine nigériane a distillé de nombreux projets, qui composent aujourd’hui un héritage sonore conséquent. En 2022, Skepta ajoute la peinture à la liste de ses nombreuses activités et rentre dans le marché de l’art, par la grande porte.
Coup de Pinceau
Skepta s’est essayé à la peinture pendant le confinement. Comme beaucoup d’autres personnes, le rappeur cherchait une manière d’occuper ses journées passées à la maison, et l’idée de réaliser des lives en isolation, loin du public, ne le séduisait pas vraiment. Skepta sort donc de quarantaine avec un tableau “Mama Goes To the Market”.
L’œuvre représente une femme nigériane (inspirée de la mère de Skepta), avec un bébé sur le dos, qui se rend au marché. On peut également voir une vendeuse, avec ses produits, qui porte des vêtements imaginés par le emcee britannique.
Skepta a choisi de représenter cette scène pour deux raisons. Premièrement, le rappeur place beaucoup d’importance en l’art africain, lui qui a grandi entouré de sculpture, d’œuvres et d’objets d’artiste africain. Selon lui, ce cadre a énormément influencé sa musique, sa vision de son africanisme et plus largement sa vie.
Avec ce tableau, Skepta apaise aussi une crainte, celle que sa fille River ne grandisse avec aucune image du Nigeria et qu’elle ne s’y rende jamais. Cette scènette de marché, bien qu’un élément essentiel du quotidien de ses ancêtres, n’existera peut-être plus quand elle sera adulte, et que son monde sera fait de grandes surfaces et de commerce en ligne plutôt que de places de marché.
Skepta dans le marché de l’art
Si Skepta ne cache pas qu’il imaginerait bien ce tableau figurer dans l’une des salles de la galerie Nike Art Gallery à Lagos, c’est via la prestigieuse maison de vente aux enchères de produits de luxe Sotheby que l’artiste s’est tourné pour la vente.
Lors de l’exposition, des amis graffeurs du emcee ont posé leur marque sur le dos de la toile. Ces tags viennent s’ajouter à celui de Goldie qui habille un des murs du marché représenté sur le tableau. Aucun doute que cette signature de la légende de la jungle britannique a fait grimper la côté de l’œuvre.
Si l’identité de l’acheteuse ou de l’acheteur n’a pas été révélée, Skepta a néanmoins glissé qu’il aurait aimé que ce soit Jay Z qui le récupère.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Skepta et sur le mouvement grime, nous vous recommandons le podcast Nova Crasse, les contes du Grime, produit par Morane Aubert et Malo Williams.
Un texte issu de C’est Bola vie, la chronique hebdomadaire (lundi au vendredi, 8h45) de David Bola dans Un Nova jour se lève.
