Si on peut lui préférer Anna Karina, Anna Karénine est tout de même ce qu’il est de bon ton d’appeler un classique de la littérature – ces livres que, dixit le malicieux Mark Twain, « tout le monde veut avoir lu, et que personne ne veut lire ».
Pour les allergiques aux marque-pages et aux quatrièmes de couvertures (et pour les autres, aussi), le metteur en scène Tiago Rodrigues s’attelle au périlleux exercice de la transposition scénique. Le tout avec le renfort de la compagnie anversoise tg Stan (dont je ne résiste pas à l’envie de vous mettre le nom anglo-néerlandais complet : Toneelspelersgezlhap Stop Thinking About Names).
Sur le plancher du TNBA, deux couples de comédien.ne.s, l’un flamand, l’autre portugais, se laisseront influencer, voire embarquer, par l’ampleur des mots, des actes et des mouvements de ce roman écrit par Lev Tolstoï il y a presque 150 ans. Cette formule en 2×2 est elle-même une mise en abyme : Anna Karenine est déjà un récit mettant en parallèle la trajectoire de deux unions, l’une très sage et respectable, l’autre plus tragique et tourmentée (spoiler : la fin du roman est balancée dès le titre de cette pièce).
Tantôt jouant le texte, tantôt le lisant ou s’observant dans leur propre interprétation, les deux couples sur scène négocieront chacun à leur manière cette ingérence russe – une ingérence 100% certaine celle-là, et sans recours aux bots Twitter.
Comment la lecture du feuilleton russe infusera-t-elle dans les destins des protagonistes ? Comment fera-t-elle basculer leurs vies et leurs choix conjugaux ? Telles seront les questions auxquelles Nova Bordeaux vous propose d’aller voir les réponses du côté du quartier Sainte-Croix. Seule condition : balancer le bon blase d’auteur servant, outre de canevas à ce spectacle, de sésame Nova Aime.