Comme une envie de se déhancher sur des sons disco funk à l’allure électro pop un mercredi soir d’octobre. Le groupe Parcels a offert un concert impressionnant ce mercredi 10 octobre à l’Accor Arena. Le groupe australien installé à Berlin n’en est pas à son premier coup d’essai à Paris.
Le quintette avait débuté à Paris par l’alternative mais célèbre Boule Noire en novembre 2016, salle bien connue pour avoir accueilli les premières performances de nombreux talents comme Justice ou Two Door Cinema Club. Depuis, leur ascension parisienne n’a cessé de grandir : du Trabendo au Zénith, jusqu’à ce Bercy complet, dernière étape d’une montée en puissance scénique et symbolique.
Quand Wes Anderson rencontre la funk Berlinoise
Se dévoilent alors les mains de Louie Swain et de son clavier aux sons oniriques et scintillants, projetées sur un écran longiligne au-dessus de la scène. La foule monte en pression, une lumière orangée s’élève progressivement pour révéler la bande. Sur une estrade blanche surélevée à plusieurs niveaux, le groupe démarre les hostilités avec Tobeloved, un morceau qui donne envie au plus timide de réaliser ses meilleurs pas de danse. La musique entraîne l’Accor Arena qui semble conquise au vu du mouvement qui entraîne la fosse.
La configuration reste traditionnelle : batterie au fond, clavier et basse de chaque côté, guitares et chant au centre. Mais le style, lui, est tout sauf ordinaire : une capsule rétro-chic 70’s revisitée, entre la composition planimétrique d’un Wes Anderson et le gentil chaos d’un groupe funk américain des seventies. Coupes au bol et baby-tees près du corps sont au rendez-vous.
La lumière comme sixième musicien
La lumière a une réelle plus-value sur l’ensemble du show. Elle en impose, dans le rythme comme dans le mix des éclairages : entre néons et gigantesques faisceaux qui transpercent la foule. Les variations chromatiques sont bluffantes : un rouge pétant digne d’une Boiler Room berlinoise (clin d’œil à leurs influences électro ?) alterne avec un bleu cyan apaisant, pour un contraste quasi-cinétique.
L’enchaînement des titres installe une ambiance en crescendo, jusqu’à ce moment charnière : Overnight. Le sol se transforme en ces jeux de lumière interactif, un terrain de jeu visuel ou chaque carré répond à la musique. On immerge facilement dans une piste disco rétro. Sorti en 2017, ce morceau a été écrit, produit et enregistré avec Daft Punk, marquant leur première et unique collaboration studio depuis Random Access Memories (2013). Dans ce titre, on retrouve la rigueur rythmique et les harmonies robotiques chères aux robots casqués, mais infusées ici d’une douceur humaine propre à Parcels.
De l’harmonie collective à la transe en solo
Jules, Noah, Louie, Patrick et Anatole sont d’excellents instrumentistes et de très bons vocalistes. Chez Parcels, l’harmonie est un peu le sixième membre. Au moment d’interpréter Leaveyourlove, les cinq chanteurs s’alignent comme pour ne former qu’un seul organe sonore. La voix de Noah Hill, le bassiste, est enchanteresse, une voix de poitrine claire et maîtrisée, portée par une basse parfaitement maîtrisée. Celle de Jules Crommelin et Patrick Hetherington, tous deux aux guitares (et Patrick aussi aux claviers), s’accordent avec élégance, formant des harmonies naturelles. Tandis que Louie Swain pianote avec sensibilité entre arpèges délicats et électro pop, et sa voix, plus douce, presque aérienne, apporte une touche mélancolique presque fragile.
L’harmonie collective se voit chamboulée quand le morceau Thinkaboutit commence et que la caméra, qui les suit depuis le début, se resserre sur Anatole à la batterie. Une sorte de transe s’installe : ses mains, ses pieds, son corps tout entier vibrent au rythme de son solo. La vidéo, en noir et blanc, oscille entre Fight Club et Whiplash. Les images s’accélèrent, et le public retient son souffle. Le solo finit en apothéose un enchaînement de caméra rythmé au son de sa caisse claire.
Une Kiss Cam et un vent d’amour
L’ambiance était à l’amour, fidèle au dernier album du groupe. Un vent de Loved souffle sur l’Accor Arena : la foule se prête au jeu de la Kiss Cam sur SummerinLove, retransmise sur l’écran géant. Un mélange de baisers plus ou moins langoureux accompagne le quintette pendant sa balade. Même après l’arrêt de la Kiss Cam, on sentait dans le public une émanation d’amour qui réchauffait la salle.
« Paris forever loved by Parcels », écrit Anatole sur une vitre en transparence. Les cinq Australiens entretiennent un lien particulier avec la capitale, maison mère de leur label Kitsuné. L’émotion monte encore d’un cran lorsque Jules Crommelin remercie à plusieurs reprises le public pour ce qui est, dit-il, leur plus grand concert parisien à ce jour.

