Aujourd’hui, nos micros font escale à Aulnoye-Aymeries, dans le Nord de la France, pour un festival qui cultive l’inattendu, entre clair-obscur et concerts mystères.
Ce week-end, on a compris pourquoi ce festival s’appelle Les Nuits Secrètes : parce que tout y est un peu caché, un peu précieux. Et parce que certains moments, on préférerait presque ne pas les raconter. Pour les garder, juste pour nous. Les Nuits Secrètes, c’est pas le genre de festival à aligner les têtes d’affiche comme on aligne des logos sur un flyer. Ici, c’est le lien qu’on programme. La surprise. Le pas de côté.
Dès l’arrivée, on sent que ce festival a une chaleur qui ne vient pas des projecteurs, mais des gens. Et puis, il y a La Noche. Cette scène club un peu cachée, sans horaire, sans nom sur les murs, où l’on entre sans savoir ce qu’on va entendre. Une boîte noire traversée de beats locaux et d’énergies hybrides. On y perd ses repères, et c’est délicieux. Une sorte de mini-Berghain version Nord, mais sans les videurs patibulaires. Ici, tout le monde entre, pourvu qu’on ait envie de danser.
À quelques rues de là, un autre mystère nous attend : le Parcours Secret. On monte dans un bus, on ne sait pas où on va, et encore moins ce qu’on va y voir. Ce jour-là, c’était Max Baby, dans un endroit qu’on n’aurait jamais imaginé transformer en salle de concert. Les années passées, on avait eu le droit à Clara Luciani, Solann ou Parcels dans une petite église devant une centaine de personnes. Il y a cette idée géniale derrière tout ça : le droit à l’émerveillement.
Et puis, bien sûr, il y a les lives. Zaho de Sagazan, toujours aussi magnétique, Maureen et son shatta fiévreux, Kompromat, eux, sont presque en famille ici. Huitième fois qu’ils viennent. Vitalic et Rebeka Warrior ont une relation spéciale avec le coin. Rebeka nous racontait qu’elle avait passé un hiver ici, il y a longtemps, à bosser avec des rappeurs de Maubeuge. Depuis, elle revient, encore et encore. Et puis, à minuit : Paul Kalkbrenner. Le Berlin d’après le mur, la techno comme symbole d’union. Devant la grande scène, on aurait dit une vague humaine.
Ce qu’on retient ? Ce n’est pas une performance en particulier. C’est l’ensemble. L’humain partout, le goût pour l’étrange, l’inédit, le local qui pulse avec l’international. Les jeunes, les vieux, les déguisés, les discrets. Tous ensemble, un peu fous, un peu tendres, un peu beaux.

