Et ils ont un sacré succès.
En août 2016, Music Business Worldwide accusait Spotify de créer sa propre musique pour épaissir ses playlists. Un an plus tard, une longue enquête du site américain Vulture vient corroborer ces suspicions.
Le géant du streaming s’est longtemps différencié de ses concurrents par ses playlists, construites autour d’un artiste ou d’un genre musical. Elles comptent parmi les contenus les plus écoutés sur la plateforme. Spotify, qui détient une place de leader, peine pourtant à générer des bénéfices depuis sa création en 2006. Donc il n’y a pas de petites économies.
Selon Vulture, Spotify demanderait à des producteurs de produire des morceaux pour enrichir certaines playlists premium et ainsi générer de l’argent sans payer de royalties.
Dans la playlist « Ambient Chill », par exemple, un artiste inconnu au bataillon du nom de Deep Watch, ne possède que deux morceaux sur la plateforme. Chacun a été joué plus d’un million de fois. Même histoire pour le premier artiste de la playlist « Sleep », Enno Aare : « Avec trois morceaux sur Spotify, il n’y a pas une seule trace de l’existence de ce groupe en dehors de la plateforme », note Vulture. Le pseudo-groupe Evolution of Stars, totalise quant à lui 15 millions de lectures.
Le mystère reste entier
Deux options : soit la plateforme se lance dans le repérage de talents tombés du nid, soit elle crée bel et bien de la musique elle-même. Le site s’en défend pourtant formellement sur Billboard. « Nous n’avons jamais de ‘faux’ artistes. (…) Nous payons des royalties pour tous les morceaux joués sur Spotify, et pour tous ceux intégrés à des playlists. Nous ne sommes pas un label, nous payons les détenteurs de droits, nous ne nous payons pas nous-mêmes », justifie un porte-parole.
Comme le précise Billboard, légalement, ce processus pour s’avérer être une forme de fraude, étant donné que Spotify s’enrichit en trompant ses utilisateurs. Par ailleurs, sur le long-terme, cela pourrait handicaper les petits artistes, déjà malmenés par la révolution du streaming. « Ce schéma touche particulièrement les artistes qui font de l’ambient, pour qui il est déjà très compliqué de gagner de l’argent sur ce genre de plateforme », note Vulture. Si Spotifiy peut produire sa propre musique, la plateforme aura-t-elle toujours besoin d’eux dans quelques années ?
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