Le guide Nova du Groenland

par Elodie Font

Publié le 18 décembre 2015 à 9 h 30 min
Mis à jour le 18 décembre 2015 à 11 h 08 min

Le meilleur de la nouvelle internationale dans le grand froid !

Parés pour partir dans le grand froid ? Cette semaine, sortez les chaussures de ski et les bonnets rembourrés, on part au Groenland, principalement dans sa capitale Nuuk, au sud-ouest du cette immense île – imaginez un espace qui va de Londres jusqu’à la moitié du Sahara, et, en largeur, de Paris à Copenhague. Fermez les yeux. Et maintenant imaginez 80 % de cet espace sous la glace – la calotte glaciaire qui non contente de porter le doux nom d’Inlandsis nous a écrit une lettre bien énervée. Si cette calotte glaciaire venait à disparaître, à cause du réchauffement climatique, le niveau de la mer ne monterait pas de quelques centimètres mais d’au moins… 7 mètres.

Tout autour du Groenland, des icebergs, énormes blocs de glace flottants, presque touchés du doigt par deux explorateurs exceptionnels Ghislain Bardout et Emmanuelle Périé-Bardout, adeptes de la plongée en eau glaciale. Ils sont venus nous raconter leur périple de 21 mois.

Nous sommes en plein hiver, il n’y a presque pas de jour – 4h à Nuuk, pas une minute au nord du pays. Dans l’avion qui nous emmène jusqu’à Nuuk, on se penche un peu plus sur les liens entre Groenland et Danemark, histoire de bien comprendre les liens entre colons et colonisateurs. Depuis 2009, le Groenland est très autonome vis-à-vis du Danemark, mais reste une de ses « possessions ».

Sociabilité maximale

Lointaine contrée, frigorifiée, le Groenland accueille les populations inuits. Quand vous arriverez au Groenland, vous serez sans doute surpris par cette cafetière toujours en marche, dans n’importe quelle cuisine, au cas où quelqu’un passe à l’improviste. Ici, personne ne frappe, les gens se posent à la même table, parfois sans dire le moindre mot, aucune porte n’est fermée à clé. Surtout quand c’est « cafémik » ! Et même quand ils ont vu débarquer, pour la première fois de leur vie, un africain. Cet « Africain du Groenland« , c’est Tété-Michel Kpomassie, qui a quitté son Togo natal dans les années 60 pour vivre 2 ans parmi les inuits. Tout ça parce qu’il a la phobie des serpents ! Une aventure dont il a tiré un livre autobiographique traduit dans sept langues.

C’est surtout un pays en pleine mutation, comme l’a observé le photographe Sébastien Tixier : dans leurs maisons, des tables Ikea coiffées de peaux d’ours ; Facebook sur un téléphone dans une autre maison où il n’y a pas d’eau potable… Un mix entre l’Occident tel qu’on le connaît, et leurs coutumes d’antan. Combiné avec un mode de vie extrême, dans un pays évidemment secoué par des conditions climatiques très difficiles.

Sans parler du réchauffement climatique qui bouleverse l’écosystème de la région. Le son lointain des glaciers qui se détachent fait partie du quotidien des Groenlandais.

Pêche aux phoques et fusils

Les Groenlandais chassent toujours beaucoup le phoque, malgré des restrictions et un embargo mondial en 2010 qui a beaucoup affecté leur économie. Embargo décidé après la publication de photos de bébés phoques assassinés – clichés qui n’avaient pas été pris au Groenland, où seul le phoque adulte est chassé.

Ils chassent aussi la baleine – ils mâchonnent d’ailleurs très régulièrement de la peau de baleine crue, d’où leur surnom d' »esquimau », « mangeur de viande crue », un terme que les inuits jugent donc péjoratif.

Et que font-ils quand ils se trouvent face à un ours polaire ? Il y a 100 ans, ils les tuaient, mais aujourd’hui, l’espèce est protégée. Dans le sud du pays, vers Nuuk, il n’y en a de toute façon quasiment jamais. Si vous vous promenez ailleurs au Groenland, vous êtes dans l’obligation – c’est inscrit dans la loi – de porter une arme. Elles sont en vente libre dans les supermarchés, entre les briques de lait et les pommes à 4 euros (aucun fruit ne pousse au Groenland, ils sont tous importés).