Qu’est ce que des pionniers ? Evidemment des gens qui défrichent un terrain, mais plus encore des personnes qui envisagent, façonnent des valeurs, en font un combat personnel. C’est encore plus vrai en musique, où les mouvements clés les plus importants ont aussi été une forme de militantisme, de revendications, du Punk au Reggae. Et très clairement en ce qui concerne ce dernier, manifeste à la fois d’un métissage musical comme d’une historique de la Jamaïque et de son passé esclavagiste. Une épopée en soi sur laquelle reviennent les vétérans d’Inna de Yard, groupe collectif centré autour de Ken Booth, Cédric Myton, Kiddus I et Winston Mc Anuff.
Dans la lignée de Buena Vista Social Club, le documentaire de Wim Wenders consacré à la musique cubaine, Peter Webber les a filmé à l’occasion de l’enregistrement d’un nouvel album. Inna de yard, le film, est aussi l’occasion d’un point sur l’état du reggae, ses résonances, ses filiations, la manière dont les conditions économiques, sociales ont forgé ces musiciens et chanteurs. Quand on parle de reggae, on évoque souvent l’idée de roots. Inna de yard s’enracine pleinement dans l’essence même de cette musique, ne serait-ce qu’en filmant des morceaux enregistré en acoustique, garant d’une authenticité et corollaire d’une rugueuse réalité jamaïcaine exprimée par les membres du groupe en interview.
Inna de yard, peut se traduire par « dans la cour ». C’est dans celle d’une maison de Kingston qu’ont été enregistré les premiers album du groupe, le documentaire fait un peu plus le tour du domaine pour mieux revenir aux sources, via sa collection de portraits, souvent intimes, toujours touchants, non seulement du reggae mais de son identité, touchant en cela au plus près, une culture et un esprit.
A.M
En salles le 10 juillet.
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