Aujourd’hui, un morceau qui se questionne sur le passé franquiste de l’Espagne, le capitalisme et la modernité des années 80
Ces faux espoirs que nous a presque donnés Eric Ciotti, ça te donne envie de nous emmener en Espagne, Sophie ?
Oui, j’ai envie de vous jouer un titre qui s’appelle “Malos Tiempos Para La Lírica”, qui date de 1983. Il a été composé par le groupe Golpes Bajos à une époque où l’Espagne sort de la dictature et d’une période particulièrement sinistre, oppressante et muselée. Les années 80 en Espagne, ça va être notamment la Movida d’Almodovar et une nouvelle époque pour la musique, qui va se faire plus pop.
Mais dans l’ombre de cette nouvelle vague colorée et joyeuse, certains se posent encore des questions, sur le passé franquiste qu’on a mal digéré, sur le capitalisme et la modernité qui leur tombe dessus ? C’est un peu ce que dit ce morceau. Quelle place reste-t-il pour la poésie ?
D’ailleurs, le titre vient d’un poème encore plus engagé de Bertolt Brecht qui s’appelle “L’Heure n’est pas à la poésie”, écrit dans l’Allemagne nazie de 1939 et qui interroge le rôle des artistes dans des périodes charnières.
Je trouve que cette chanson va très bien en cette période d’élections, où l’on se demande ce qu’on est en droit d’exiger. Si l’on peut rêver, si l’on peut faire de la poésie, si l’on peut encore espérer de vrais changements, écologiques notamment, ou si l’on doit déjà accepter, se résigner au fait que l’heure n’est pas à la poésie, mais à la politique.