Le 5 août 1985, le monde découvre l’album “Rum, Sodomy and the Lash” du groupe londonien The Pogues. Un mélange révolutionnaire de punk-rock et folklore irlandais à l’haleine chargée.
The Pogues, c’est la rencontre entre le punk de Londres et la musique folk celtique irlandaise. A l’origine le groupe s’appelle “Pogue Mahone”, “Póg mo thóin” en gaélique irlandais, qui veut dire “kiss my ass” en anglais. L’album “Rum, Sodomy and the Lash” est produit par Elvis Costello, enfant prodige du punk-rock anglais.
“Dirty Old Town” est le titre phare de l’album, chanté partout dans le monde là où les pubs et les guitares près du feu de camp existent. Il s’agit d’une reprise du chanteur irlandais Ewan McColl, que les Pogues se sont réappropriés dès le moment où le chanteur Shane MacGowan a posé sa voix dessus.
Connu pour ses oreilles en feuille de chou et ses chicots ravagés, le garnement Shane MacGowan est avant tout célèbre pour son écriture exceptionnelle. Dans ses chansons, il raconte les histoires de vétérans, de types issus de la working class addicts au pub, et d’amour alcoolisé, sur fond de critique sociale. La légende raconte que MacGowan aurait lu tout Dostoïevsky et James Joyce dans son enfance. Adolescent, il se fait virer de la prestigieuse Westminster School à Londres… Il y vendait de la drogue.
Côté instrumental, The Pogues s’est construit autour des instruments traditionnels irlandais. On retrouve notamment l’accordéon de James Fearnley, le banjo, la mandoline et le tin whistle. En concert, associé à la voix puissante et graveleuse de MacGowan, ce mélange celtique punk provoque délires et pogos dans le public.
Dans “Rum, Sodomy and the Lash”, MacGowan raconte des histoires souvent complexes, en mêlant légendes irlandaises et histoires de beuveries. Dans “The Sick Bed of Cuchulainn” c’est l’histoire d’un homme entre la vie et la mort, imbibé d’alcool qui raconte, halluciné, ses aventures de vie difficiles, en hurlant pour finir : « we’ll have another round !« .
Le morceau “A pair of brown eyes” est probablement le plus beau du projet, particulièrement abouti côté songwriting. Un jeu de regards où s’enchevêtrent histoires d’amour et souvenirs de guerre qui flirtent avec l’horreur, le tout sur une mélodie typique de la musique folklorique traditionnelle.
Après quelques années de succès, Shane MacGowan est débarqué des Pogues en 1991. La raison ? Trop d’alcool, trop de drogues. En 1989, MacGowan en gueule de bois manque la première partie d’un concert de Bob Dylan qu’il devait assurer avec son groupe. MacGowan rejoindra finalement les Pogues en tournée à partir de 2001.
The Pogues est ainsi devenu groupe culte de la scène punk-rock-folk irlandaise et britannique. À la mort de Shane MacGowan en 2023, le président irlandais et Nick Cave se rendent aux funérailles. Et comme une passation de flambeau, Grian Chatten, le chanteur et très doué parolier du groupe irlandais Fontaines DC rejoint les survivants des Pogues sur scène en 2024 pour interpréter « Streams of Whiskey», en hommage à Shane MacGowan.

