Nouvo Nova: « Seul » de Camélia Jordana
Les doubles albums se font rares. Raison de plus pour célébrer facile x fragile, nouveau disque de Camélia Jordana fraîchement paru en ce mois de février. L’une des rares artistes françaises à briller autant sur les plateaux de cinéma que sur les grandes scènes de concert, Camélia Jordana est un nom familier du grand public, et ce depuis depuis ses débuts, il y a plus de dix ans. Ce qui ne l’empêche pas de prendre des risques et de constamment chercher à surprendre ceux qui l’attendent au tournant. Comme avec LOST, projet créé en 2018 avec le saxophoniste Laurent Bardainne, qui explorait via l’électronique et en plusieurs langues (anglais, français, arabe) les sujets de l’identité et de l’origine, aussi essentiels à sa propre construction que présents dans le débat public. Avec facile x fragile, la voix de Camélia reste au centre, celle de son chant et celle de ses convictions. Le disque est sciemment scindé en deux — une première partie (facile) aux couleurs afro-pop et reggaeton, très en phase avec les tendances de l’époque, et où sont invitées les stars Dadju et Soolking; une seconde (fragile) plus organique, plus douce, qui séduira les fans de la première heure. Une double identité musicale pour un seul thème prédominant: celui de l’empuissancement féminin. « Mesdames les femmes, prenons les armes »: dès l’ouverture du disque, le ton est donné. Un appel au combat et à la solidarité contre ce « ils » collectif, ces hommes ailleurs réduits au simple nom de « Garçons » (sur un sublime morceau tout en tendres concessions), garçons que Camélia fustige autant qu’elle concède les aimer. Au coeur du second disque, on trouve le lumineux titre « Seul ». Camélia semble y régler ses comptes avec un détracteur masculin — réel ou symbolique —, usant d’un vocabulaire volontairement naïf comme pour mieux se moquer. Sous sa voix, le rythme doucement funk a des échos de rumba congolaise. Un éclair de groove à l’intérieur de ce nouvel album que Camélia viendra présenter en live mercredi 24 février dans la Chambre noire de Radio Nova.
