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« Prose Combat » : déjà 30 ans pour le deuxième album de MC Solaar

Publié le 9 février 2024 à 16 h 54 min
Mis à jour le 9 février 2024 à 17 h 57 min

En France, un classique du hip-hop des années 90 où Solaar s’entoure du trio gagnant Jimmy Jay, Boombass et Zdar à la prod.

9 février 1994. Prose Combat sort dans les bacs. “Obsolète” et “Nouveau Western” s’ajoutent à la case « classique » de la discographie de MC Solaar, à la suite de “Bouge de là” en 1991. Car MC Solaar vient de connaître trois années de succès grand public à la suite de son premier disque Qui sème le vent récolte le tempo.

Courtisé par Island Records

À ce moment-là, déjà, impossible de le détacher du surnom « poète moderne » et la majorité des Français l’écoutent et l’adoptent. Même de l’autre de côté de la Manche, un certain Chris Blackwell, boss d’Island Records et producteur de Bob Marley (réécoutez notre podcast One Bob, quitte à être là), cherche à récupérer le rappeur francophone.

Solaar reste fidèle à Polydor, pour cette fois. Un procès avec la maison de disque en 2004 n’a pas dû vous échapper. Résultat : interdiction d’exploiter ses albums et donc pour nous, presque vingt ans sans pouvoir acheter les quatre premiers albums de Solaar. Dans le lot : Prose Combat. Il ne restait plus qu’à fouiller dans les cd d’occasions pour retrouver l’un des centaines de milliers vendus à la sortie ou opter pour l’option album téléchargé sur YouTube. Heureusement, tout s’arrange en 2021 et vous vivez maintenant dans une era où Prose Combat est libre.

Un casting cinq étoiles

Autre bonne nouvelle. MC Solaar sait s’entourer quand il est question de musique (et non de business…) Pour Prose Combat, il renouvelle l’équipe de son premier album : Jimmy Jay s’accompagne de Boombass et Zdar – duo qui devient plus tard, Cassius. La culture hip-hop se retrouve portée par la culture club de Zdar, en charge du mixage. On lui doit les ad libs envoutant à la fin des morceaux et l’utilisation de reverb. À noter que Zdar mixait l’album de Solaar la journée et passait ses nuits sur les premiers morceaux de Motorbass, son duo électro avec Etienne de Crécy.

Le Nouveau Western

Avec cette équipe, évidemment, ça donne des prods complètement novatrices. L’une d’entre elle marque spécialement l’album : le sample derrière “Nouveau Western”.

Vous l’avez reconnu ? Le titre reprend un sample de “Bonnie and Clyde” de Serge Gainsbourg. C’est à l’écoute du titre “Talkin’ Bout Hey Love” (1991) — qui sample les “Oubliettes” (1961) de Gainsbourg — des américains De La Soul que Boombass s’est dit : « Pourquoi pas nous ? ».

Un pas de plus pour Solaar dans la catégorie bien gardée qu’est la chanson française. Et en bonus : il remporte la Victoire de l’Artiste interprète masculin de l’année en 1995. Pareil pour le clip de “Nouveau Western”, réalisé par Stéphane Sednaoui, qui obtient la Victoire du Meilleur clip vidéo.

D’ailleurs, Radio Nova bénéficie alors de l’exclu de ce premier single. Car Mc Solaar, c’est d’abord un freestyle légendaire dans l’émission hip-hop Deenastyle (Dee Nasty & Lionel D) en 1990 qui devient la toute première version de “Bouge de là”. “Nouveau Western” fera donc aussi histoire au côté de Nova, avant que toutes les autres radios en demandent sa diffusion. BBC incluse, qui l’invitera pour une Peel Sessions de John Peel, LE DJ de la radio anglaise.

L’album n’est en pas reste en termes de référence. Solaar n’oublie pas d’honorer le hip-hop américain. Sur le refrain de “À dix de mes disciples”, on peut entendre « Black man, black heart, black soul » tiré du titre “Done By the Forces of Nature” des Jungle Brothers. Même mécanisme sur “Nouveau Western” où il fait allusion au titre « Burn Hollywood Burn » de Public Enemy.

Sans oublier les camarades du rap français. « Comme le dit IAM, c’est un hold-up mental / Je les dose avec le prose combat » chante Solaar sur “La Concubine De L’Hémoglobine”. Car la scène rap française se construisait autant à Paris qu’à Marseille, comme aujourd’hui finalement.

TRACKLIST