L’Amérique a toujours su tisser une fine frontière entre ses héros et ses losers. Voire parfois pousser les premiers dans la seconde catégorie. Tonya Harding a failli être une héroïne. Mais si la patineuse a connu la lumière des médias et la célébrité, c’est surtout à cause d’une sale affaire. En 1994, alors que les sélections pour les J.O d’hiver battent leur plein, sa principale rivale, Nancy Kerrigan, se fait péter les genoux lors des entrainements. Harding est rapidement soupçonnée d’avoir monté le coup et devient un vilain petit canard, honni par le pays entier.
Moi, Tonya ne revient pas tant sur cette affaire que sur une version différente de l’histoire. Ce faux-documentaire remonte le temps bien avant l’agression sur Kerrigan, pour filmer une Harding dans son milieu naturel de rednecks, entre un père qui lui apprend à braconner les lapins et une mère qui la traite comme une sous-merde. Mais aussi le refus des institutions de voir une plouc pareille traverser le plafond de verre, grimper les échelons du patinage, car oui, Harding a un vrai don pour ça.
Moi, Tonya filme une galerie de personnages entre les bouseux qu’on croise chez les frères Coen et les freaks trash d’un Larry Clark ou d’un John Waters. À ce dernier, ce biopic emprunte un humour particulièrement grinçant. Peut-être parce qu’au fond, il sait que cette sale histoire est aussi ironique que tragique quand Harding a été plus victime d’une discrimination sociale que coupable. Et derrière son ton très vachard, Moi, Tonya se met à être le portrait d’une femme qui a appris à encaisser les coups d’une Amérique toujours cruelle avec ses outsiders, et se relever, encore et toujours. Et quelque part, lui offrir le trophée qu’elle n’a pas décroché, en faisant d’une fillette destinée à être rabaissée à sa condition de péquenaude, une battante qui persiste à faire de gros doigts d’honneur à une nation qui avait honte d’elle.
En salles le 21 février, avec des places offertes par votre Radio Nova, juste là :
Le saviez-tu ? En plus des tickets, vous pourrez repartir avec des BO du film composée Peter Nashel avec d’autres grands noms parmi lesquels Violent Femmes, Dire Straits ou Fleetwood Mac.
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