Qu’un cinéaste reconnu pour son sens de la provocation, aux films plongeant souvent en état de transe se mette à faire un film sur les sorcières est assez logique. Mais comme souvent avec Gaspar Noé, il faut toujours s’attendre à être surpris. Lux Aeterna s’installe donc autour d’une conversation de salon entre Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg, revenant sur les authentiques expériences des films où elles ont joué des sorcières. De fil en aiguille, elles en arrivent à une collection d’anecdotes sur les tournages. La fiction débarque ensuite, quand Gainsbourg doit aller se préparer pour une scène de bûcher, dirigée par Dalle. Noé en profite pour faire son histoire perso du cinéma, entre citations, extraits et immersion sur le plateau où tout part en vrille.
Lux Aeterna est pour autant le film le plus sage de Noé. Presque une réponse aux détracteurs qui ne voient en lui qu’un irresponsable cinéaste de la violence. L’énergie kinétique (notamment dans un final stroboscopique) ou la part roublarde (les cartons interludes – ne pas louper le tout dernier) sont bien là, mais dans une veine plus ludique tout en théorisant brillamment les rapports de force qui peuvent s’emparer des tournages et de leurs hiérarchies. De même qu’il filme dans un premier temps les confessions amusées (et amusantes) de deux comédiennes, Noé se livre dans ce moyen métrage qui dissimule sous ses abstractions formelles, une réflexion argumentée sur son monde loin de l’anarchie simulée à l’écran.
A.M
En salles le 23 septembre