Groove de très loin.
Nous vous en parlions il y a de cela quelques semaines, une excellente compilation consacrée au funk du Surinam vient de paraître. Alors qu’on se souvient de la très bonne Surinam! Boogie & Disco Funk from the Surinamese Dance Floors 76′ – 83′ chez Kindred Spirits, c’est maintenant Rush qui signe une compilation un peu moins orientée vers les dancefloors mais néanmoins plein de groove.
Il faut dire que l’ancienne colonie des pays situés sur la côte caribbéenne a toujours eu une scène musicale prospère en dépit de ses 500 000 habitants. Si son rayonnement international n’est pas colossal, il a une réelle incidence aux Pays-Bas, en écho à l’émigration des populations. La musique que l’on écoute majoritairement au Surinam s’appelle le Kaseko et le Kawina. Le Kaseko vient probablement du Français « casse le corps », un terme datant de l’esclavage pour décrire la danse qui s’associait à cette musique qui n’est autre qu’une fusion de genres populaires d’Europe, d’Afrique et des Amériques (la musique hindoustanie, le baithak Gana suite à l’immigration indienne, ou encore la pop indonésienne, c’est-à-dire infusée kerocong, ce ukulélé local). Elle se distingue par un rythme complexe avec beaucoup de percussions, notament le Skratji, une énorme grosse caisse bien souvent accompagné de saxphone et de tompette, parfois de trombone. Le Kawina quand à lui est la musique traditionnelle par excellence, à l’origine uniquement percussif et vocal.
La compilation Surinam Funk Force pioche quant à elle dans les quelques virées funk et disco produit là-bas. On y croise le nom des stars locales Sumy, Steve Watson, Jam Band 80, and Ronald Snijders, mais surtout une approche de la funk qui découle de tout ce métissage cité ci-dessus. À vrai dire il n’existe pas d’albums de funk à proprement parler, mais on tombe plutôt sur des rythmiques de funk au sein de disques de Kaseko par exemple.
En guise de porte d’entrée dans ce registre musical au Surinam, la personnalité de Sumy est intéressante, on en avait découvert beaucoup de titres dans la compilation Surinam Boogie, mais aussi à travers la réédition de son disque Trying to Survive par Rush Hour Music à Amsterdam. D’autant que Sumy appuie sur l’aspect multiculturel de sa musique car son groupe était lui-même composé de musiciens du Pérou, du Vénézuela et de la Colombie.
Mais peut-être que le voyage le plus simple est cette compilation Suriname Funk Force et ce mix associé signé par Antal Heitlager et Thomas Gesthuizen, les deux hommes derrières la compilation. Tout est en écoute ci-dessous grâce aux brillants wax poetics.