La revue culte de San Francisco fondée par Nick Hornby et illustrée par Charles Burns se lit désormais à la française chez Inculte
Il est l’heure sur nova d’être croyant. Dans Le Believer, la littérature, la critique, l’art, et le journalisme deviennent autant de professions de foi, une foi en le non formaté, en l’absence d’une utilité bornée par les demandes de l’actualité et d’un quotidien qui rythme la lecture en stations de métro. Biiipp.
Le Believer c’est l’église où se déroule cette messe à la pensée ramifiée. Pas de sanctuaire ici, l’écriture y est contemporaine, vivante, vivifiante, elle se confronte plutôt qu’elle ne se conforte, même si elle ne rechigne pas au confort de son propre foyer.
Le Believer met en relation des artistes, des penseurs : échanges de mails, courriers, discussions de bar, énumérations, parfois même shéma graphique, article, récit, gonzo, questionnement, analyse. D’une demie page à 15 feuillets, la forme se décline à volonté et le fond ne se prive pas d’en faire autant, musique, littérature, cinéma, architecture, jeu de société, cuisine, sociologie, voyage, rien…
Fondée il y a 10 ans à San Francisco par les auteurs Dave Eggers, Vendela Vida et Nick Hornby (High Fidelity), publié par McSweeney’s, et illustrée par Charles Burns, The Believer est un mensuel absolument remarquable, à la curiosité béante, et dont les éditions Inculte ont fait un trimestriel de haut vol, compilation en français des meilleurs articles américains.
Le numéro 4 français vient de sortir, un numéro « Où on parle » des surréalistes à Las Pozas, du cinéma d’Hitler, des chiens des américains, de l’accordage en musique comme question de politique internationale, de l’existence magnifique de l’incorruptible loser et grand écrivain Nelson Green ; « Où on rencontre » William H. Glass, David Simon, Jeffrey Eugenides, Jerry Moriarty,Mike Patton ; « Où on assiste » pendant 3 jours au 119ème congrès de la Modern Language association qui interroge « l’utilité » des profs de littérature, article gonzo fin, drôle, intelligent et nécessaire qui a ma préférence.
Le Believer est la référence d’un univers qui ne se tache pas d’étiquette, ni underground, ni meanstream, ni passéiste, ni avant-gardiste, la revue est un monde sélectionné par la passion des uns et des autres, un point de vu qui se laisse le temps d’exister en lui et par lui. De David Fincher à Wladyslaw Starewicz, obscur et pourtant primordial répétiteur de ballet et premier cinéaste d’animation russe, il n’y a qu’un pas que Le Believer n’hésite pas à franchir sans éprouver le besoin de se justifier. Après tout, il s’agit simplement de marcher.
Le Believer Numéro 4, Inculte Editions, 127 pages, 15 euros, dans les librairies, ou ICI